Le front de taille d’une carrière à Courville-sur-Eure (Eure-et-Loir, France) a révélé une importante épaisseur de limons colmatant un paléovallon, creusé dans le substrat tertiaire qui occupe en partie les plateaux et versants de la rive gauche de l’Eure. Les caractéristiques macroscopiques des unités pédo-sédimentaires de cette coupe suggéraient qu’elles se soient mises en place au cours du Pléistocène. La rareté d’observer de telles accumulations en contexte de plateau dans le nord de la région Centre a conduit à réaliser un panel de d’études dans le but de documenter au mieux ces dépôts. Ainsi, six échantillons destinés à des datations OSL ont été prélevés sur l’ensemble de la séquence, tandis qu’une série de lames minces auxquelles sont associées des prélèvements pour des analyses granulométriques et chimiques ont été réalisés dans sa partie centrale. Les résultats des datations montrent que le comblement s’étend de la seconde partie du Pléistocène moyen, aux environs de 350 ka, à l’Holocène. Les études micromorphologiques et granulométriques concernent la période comprise entre le dernier interglaciaire éémien et le Pléniglaciaire moyen weichsélien. Elles montrent l’existence de sols polyphasés cumuliques, alimentés régulièrement par des petits apports latéraux. Régionalement, il s’agit de la seconde séquence stratigraphique à bénéficier d’une campagne de datations absolues, après celle de Bonneval (Sun et al., 2010) et la première a avoir fait l’objet d’une étude approfondie de la formation des sols polyphasés du dernier interglaciaire et du Début Glaciaire weichsélien. Outre l’aspect purement chronostratigraphique, ces résultats sont importants pour la recherche archéologique en contexte préventif car ils assurent l’existence d’un fort potentiel de conservation des sites paléolithiques.