Cette opération a permis d'observer l'évolution d'une exploitation agricole sur une période s'échelonnant du Bronze final au IIe s. ap. J.-C. Ce site offre la possibilité de mieux appréhender l'installation de la première occupation, de cerner la mise en place de la ferme gauloise ainsi que son évolution au Ier siècle ap. J.-C., après la conquête romaine. Le choix de ce site sur un rebord de plateau dominant la vallée de la Selle en amont de la confluence avec la Somme est stratégique. Il est inséré dans un maillage de sites antérieurs et contemporains à proximité d'un axe fluvial, sur un plateau fertile. L'installation en rebord de plateau de structures d'habitat et de conservation dès le Bronze final-Hallstatt indique une implantation précoce qui se développera à La Tène ancienne. La création d'une aire sépulcrale sur un nouvel espace est certainement concomitante avec l'installation d'un second pôle d'habitat hors emprise. A la fin de la période gauloise, l'habitat est réaménage. De puissants fossés sont creusés pour délimiter une aire au sein duquel un petit enclos d'habitat abrite la maison du propriétaire ainsi que des greniers. Cette ferme a subi des remaniements jusqu'au IIe s. ap. J.-C. Pour y accéder, deux portes sont à franchir dont une comporte un porche. L'ensemble est monumental et très ostentatoire. A l'extérieur un second pôle d'habitat est ceint par deux fossés. Une entrée aménagée et contrôlée par un bâtiment circulaire permet d'accéder à une construction imposante. Aucun changement important n'interviendra avant la désaffection du site. Un petit espace funéraire a été installé près de deux bâtiments circulaires le long d'un fossé au sein de cet ensemble. La corrélation entre l'évolution de l'occupation de l'espace et les implantations des tombes a pu être étudiée sur plusieurs siècles.