Chapitre D'ouvrage Année : 2024

Amel-sur-l'Etang (Meuse) : un habitat groupé à composante rurale en périphérie d'un grand sanctuaire

Résumé

L'agglomération antique de Senon-Amel est située au nord-est du département de la Meuse, à une vingtaine de kilomètres de Verdun. Elle présente la particularité de s’être développée sous la forme de deux pôles urbains distincts, éloignés de 1,5 km et situés sur le territoire de deux communes actuelles ; Senon et Amel-sur-l’Étang (fig. 1). On admet généralement qu'elle se trouvait dans la partie occidentale de la cité des Médiomatriques au Haut-Empire, avant que cet espace ne soit autonomisé pour former une nouvelle civitas avec Verdun pour chef-lieu durant l'Antiquité tardive (Burnand 1990, 199-201 ; Mourot 2001, 105 ; Demarolle 2004, 111). Depuis une quinzaine d’années, le site de Senon-Amel fait l’objet de nouvelles recherches pluridisciplinaires associant des techniques d’investigation non destructives (prospections pédestres, aériennes, géophysiques, LiDAR) et des opérations de fouilles préventives et programmées (Ritz 2020). Ces nouvelles données montrent, entre de nombreux autres résultats, que les formes de l'urbanisme et de l'habitat sont très différentes dans chacun des pôles qui composent cette ville double. Senon relève du modèle, bien connu dans le nord de la Gaule, des agglomérations ouvertes anciennes, d'origine laténienne, dont l'habitat est essentiellement composé de maisons « en bandes » et l’économie orientée vers des activités artisanales et commerciales diversifiées. À l'inverse, le site d'Amel est organisé autour d'un vaste complexe cultuel fondé au début de l'époque romaine et autour duquel s'est ensuite développé un habitat groupé adoptant une organisation très originale, qui relève manifestement d’une reprise du répertoire architectural des établissements ruraux de la région. On y rencontre en effet toute une série de constructions modestes et espacées, dont les plans correspondent à ceux des bâtiments techniques ruraux, mais aussi quelques ensembles plus complexes, rassemblant une résidence en fond de parcelle, devant laquelle se développent deux ailes d’annexes techniques encadrant une cour, selon une organisation identique à celle des petites villæ de la région. Le parcellaire se distingue aussi très nettement de ce qui s’observe dans la plupart des agglomérations : aux habituelles parcelles en lanières, occupées par des maisons en bandes mitoyennes, se substituent de grandes parcelles trapézoïdales au sein desquelles le bâti reste très espacé, ménageant de vastes cours qui ont pu servir d’espaces de travail, mais aussi de dispositif de prévention des incendies des greniers, si l’on se réfère au modèle des établissements ruraux. Cette organisation tout à fait atypique parmi les agglomérations du nord de la Gaule pourrait indiquer que les activités agropastorales tenaient une place inhabituellement importante dans les quartiers urbains d'Amel. Ce cas de figure, suggérant la présence d’activités économiques relevant du secteur primaire dans un contexte aggloméré, est inhabituel par rapport au schéma traditionnel d'occupation des campagnes romaines, opposant agglomérations à vocation principalement artisanale et établissements ruraux isolés. Il pourrait signaler une adaptation fonctionnelle de l’habitat aux besoins économiques spécifiques générés par la proximité d’un grand complexe cultuel.
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Dates et versions

hal-03601443 , version 1 (08-03-2022)
hal-03601443 , version 2 (30-01-2023)
hal-03601443 , version 3 (20-01-2025)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03601443 , version 3

Citer

Simon Ritz. Amel-sur-l'Etang (Meuse) : un habitat groupé à composante rurale en périphérie d'un grand sanctuaire. Nüsslein A. avec la coll. de Favory F., Meyer N. (dir) - Villages et hameaux paysans en Gaule et sa périphérie entre la fin de la période laténienne et l'époque romaine, Actes du XVe colloque AGER, Saverne, 28 septembre au 1er octobre 2022, AVAGE, Strasbourg, 2024, p. 193-208 (Mémoires d'Archéologie du Grand Est 11), 2024, 978-2-9590817-1-2. ⟨hal-03601443v3⟩

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