La question de la fonction des vases à bec, communément assimilés à nos « biberons » modernes, est au cœur de cet article. L’inventaire et l’analyse des contextes de découvertes permet de constater leur présence auprès d’individus qui ont largement dépassé l’âge du sevrage : cette fonction unique peut donc être remise en cause. D’autant plus que les analyses organiques, réalisées sur une quarantaine d’exemplaires, permettent objectivement de constater que le lait n’apparaît finalement que dans 30 % des vases, en revanche, différentes substances, telles que l’huile de ricin, des décoctions végétales (feuilles, écorces ou racines), des substances minérales ou encore des excréments conduisent à privilégier une fonction de type thérapeutique, destinés à soigner des malades dépendants, aussi bien enfants qu’adultes. Cependant, l’analyse d’un vase à bec volontairement déformé, déposé sur le bassin d’une adolescente tenant dans sa main gauche un fragment de crâne de périnatal, a révélé notamment du vin rouge et de l’œuf. Outre cette remarquable mise en scène, ce contenu singulier permet d’envisager une valeur hautement symbolique pour ce vase à bec, parfois assimilée, par analogie, à la matrice originelle, voire à l’enfant perdu.