Les vestiges mis en évidence sur une emprise de 25 000 m² à Montmain s’inscrivent dans une échelle de temps très longue. Quelques découvertes mobilières isolées attestent déjà d’un attrait pour ce secteur dès le Paléolithique moyen. D’autres fréquentations, sans doute ponctuelles, ont eu lieu au cours du Mésolithique final, au Néolithique final et durant la Protohistoire ancienne. Une occupation continue de ce lieu débute dans le courant du 2e siècle avant notre ère avec la mise en place d’une ferme indigène. À l’image de nombreux établissements de cette époque, cet habitat laténien adopte un schéma spatial bien connu témoignant d’une conception planifiée et d’une réalisation collective. Son espace interne est délimité par un réseau de fossés curvilignes, remaniés au fil du temps et comprend au moins huit pôles de construction. Il regroupe plusieurs fonctions et activités domestiques, artisanales et agro-pastorales, manifestant un certain degré d’autosuffisance. De nombreuses données archéologiques, dont cinq tombes à incinération d’une grande simplicité, révèlent le statut modeste de cette ferme. Dès la période augusto-tibérienne un nouvel établissement est mis en place sur le lieu même de l’habitat laténien. Il marque une nette rupture en termes de conception spatiale avec son prédécesseur en adoptant une configuration orthogonale, tout à fait différente du système d’enclos curviligne gaulois. Il comprend une grande cour longitudinale qui prend place au sein d’un réseau de fossés perpendiculaires séparant le pôle domestique de l’espace agro-pastoral périphérique. Cette organisation spatiale est maintenue tout au long de son existence jusqu’au milieu voire au troisième quart du 3e siècle, témoignant d’une grande stabilité de l’établissement malgré des réfections et aménagements ponctuels intervenus au fil du temps. Cinq bâtiments d’une grande diversité architecturale et fonctionnelle montrent que les habitants introduisent, probablement dès la seconde moitié du 1er siècle, de nouvelles techniques de construction. Parmi les déchets générés, la céramique occupe une place prépondérante avec un volume important de près de 6 300 tessons. Bon nombre de ces éléments proviennent d’un des trois dépotoirs principaux de l’habitat du Haut-Empire qui proposent d’excellents ancrages chronologiques entre la seconde moitié du 1er siècle et la seconde moitié du 3e siècle. Quant au mobilier en métal et en pierre, il renvoie au travail du fer, destiné probablement à l’entretien régulier de l’outillage de la ferme. D’autres outils témoignent de la découpe du cuir et du bois. Quelques meules d’origine locale ou extrarégionale témoignent d’une transformation de produits céréaliers, probablement les récoltes de l’établissement. Le déclin de cet habitat s’amorce dès le milieu du 3e siècle au plus tard et quelques manifestations isolées plus récentes soulèvent la question d’un abandon progressif du site durant la seconde moitié du 3e siècle de notre ère. Au cours des périodes plus récentes, ce lieu voué surtout aux activités agraires, a fait l’objet de quelques aménagements ponctuels en lien essentiellement avec l’exploitation des matériaux du sous-sol. Aujourd’hui, cette parcelle accueille plusieurs habitations dont la mise en place s’intègre dans un processus d’urbanisation croissante de la périphérie rouennaise