L'article met en évidence la spécificité de l'ensemble funéraire dégagé sur plus de 2000 m² en périphérie de la ville antique de Narbonne. Etablie à un carrefour de voies, la zone funéraire se développe de la fin du Ier s. av. J.-C. au début du IIIe s., selon deux modalités : de manière classique en bordure de voie, selon un découpage très régulier, et, parallèlement, au sein d’un vaste espace délimité et structuré par des chemins de desserte parallèles qui sont mis en place dès l’origine. Ces aménagements évoquent un lotissement dont les parcelles ont été progressivement occupées au gré de leur acquisition. On pourrait être en présence d’un secteur qui aurait été réservé aux tombes par la colonie. La stratification du site permet de suivre l’évolution complexe du quartier funéraire, qui se traduit notamment par la création d'une aire de crémation collective aux dépens d'anciennes parcelles funéraires, ce qui implique une action concertée et peut-être une initiative de la collectivité. Se pose ainsi la question de l'existence d'un service de pompes funèbres à Narbonne, ce qui apparaît envisageable pour une ville de cette importance. A contario, on assiste à la disparition et la privatisation d'une partie des chemins, ce qui témoigne d'une absence de contrôle collectif sur l'utilisation des espaces de circulation. Les éléments disponibles permettent ainsi d’engager une réflexion sur la gestion de l’espace funéraire et les rapports entre espaces privés et publics.