Plusieurs vases en céramique à fond percé après cuisson ont été découverts à Étampes dans une latrine de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle et à Meulan dans une latrine du XIVe siècle. Dans ces deux cas, l’étude des traces d’utilisation indiquerait un emploi pour la distillation per descensum, répandue au Moyen Âge notamment pour la fabrication d’huiles végétales par distillation du bois, comme la poix ou l’huile de cade et non pour la préparation de faisselles, comme cela a été souvent avancé. Cette distillation, qui a peu à voir avec la distillation per ascensum, c’est-à-dire par élévation de vapeur, est aussi décrite par les alchimistes et utilisée pour l’élaboration de remèdes variés dans la pharmacie. Cet article pose la question de ces pots et du contexte d’utilisation en les rapprochant d’autres découvertes franciliennes de ces trente dernières années. Les conditions d’utilisation, les dimensions des pots, leur réutilisation, ainsi que la mise en perspective de ces artefacts avec leur contexte social de découverte conduit à proposer l’hypothèse de pratiques occasionnelles par des urbains lettrés dans des milieux sans aucun doute privilégiés au bas Moyen Âge, sans pour autant être exceptionnels. Ces fabrications d’huiles limitées, voire domestiques, semblent s’opposer à des productions artisanales, certainement rurales, implantées dans des régions particulières bien pourvues en matière première. Ce constat fournit un de ces rares exemples de diffusion d’une technique par des textes tout en dévoilant la distance séparant le savoir du savoir-faire