Les résultats du diagnostic phase 3 de la Base aérienne 103, sur la commune d’Haynecourt, montrent que ce secteur a été largement occupé depuis la période protohistorique jusqu’au haut Moyen Âge. Les indices les plus anciens sont minces, silex ou rares tessons isolés, c’est surtout la découverte d’un petit cercle qui marque l’occupation probable dès la Protohistoire ancienne. Au cours de l’âge du Fer, la fréquentation s’intensifie avec une occupation dont la chronologie peut être évaluée entre la fin du premier âge du Fer et la période laténienne ancienne à moyenne. Elle est représentée par un réseau fossoyé ainsi que quelques fosses et silos que l’on retrouve ponctuellement dans les moitiés nord et sud de l’emprise. L’étude céramique met notamment en évidence dans la partie sud du terrain, l’installation domestique du début de La Tène ancienne grâce à quelques assemblages d’éléments typologiques caractéristiques. La continuité de l’habitat peut être envisagée pendant la période laténienne avec l’implantation d’une petite nécropole de La Tène C1. Cette dernière, aux limites bien circonscrites regroupe un minimum de sept tombes à incinérations dont les dimensions et les dotations apparaissent importantes pour plusieurs d’entre elles. L’aménagement le plus conséquent intervient à la période gallo-romaine avec l’édification d’un bâtiment sur fondation de craie. Au cœur d’un secteur à l’occupation dense, il est associé à de nombreux fossés et fosses livrant un abondant matériel dont l’analyse de la céramique permet de situer la fondation de cet habitat entre la fin du Ier siècle av. n. è. et le milieu du Ier siècle de n. è. Il s’agit de la phase la mieux représentée du diagnostic. Cette occupation s’étend en effet jusqu’au nord de l’emprise où l’activité agricole est représentée par un silo et un grenier contemporains de l’habitat. Le monde des morts est également présent avec deux tombes à incinération et le dépôt d’un immature dans un silo désaffecté. Alors que les Ier et IIe siècles de n. è. sont faiblement représentés, l’occupation est à nouveau marquée à la fin de l’Antiquité. Le Bas Empire et le haut Moyen Âge sont ainsi représentés par de la céramique tardive de l’Argonne mélangée à la céramique des VIIe et VIIIe siècles. Découverte en faible quantité dans de grandes fosses proches de l’habitat, puis dans des fours domestiques installés en série, ces indices indiquent la perduration de l’occupation dans cette zone. Autre fait marquant relevé au cours du diagnostic, des fosses assimilables à des « fosses profondes », appelées aussi « fosses en Y » sont repérées à plusieurs reprises. Alors que les caractéristiques et les gabarits cylindriques de ces fosses se prêtent à un rattachement au Mésolithique ou au Néolithique, l’absence de mobilier datant dans les fosses testées ne permet pas encore de les attribuer à une phase chronologique. Bien que certaines phases se montrent plus discrètes, ces résultats mettent en évidence l’exploitation agricole et l’occupation humaine de ce petit terroir jamais laissé à l’abandon depuis l’âge du Fer. L’exploration plus avancée de ces différentes zones viendrait ainsi compléter les premières impressions perçues lors des trois phases de diagnostic, renforçant la connaissance de ce terroir qui commence à être bien connu. La grande superficie de la base est une occasion importante de venir compléter les données issues des fouilles du Canal Seine-Nord-Europe : le secteur de Marquion voisin des communes d’Haynecourt et Épinoy formant ainsi une micro-région au sein de laquelle l’activité humaine se révèle toujours intense et soutenue depuis le Néolithique.