L’intervention a permis de reconnaitre une importante occupation d’époque romaine qui peut se diviser en deux grandes phases chronologiques. Les premières implantations s’installent directement sur une couche de régularisation du substrat géologique et elles sont fortement marquées par l’artisanat et la métallurgie du fer. On note en effet une stratigraphie très particulière, épaisse d’environ 1 m, constituée par des alternances de couches d’argile plastique orangée et par des niveaux de sédimentation fortement chargés en charbons, scories et battitures de fer. L’intervention a notamment permis de reconnaitre des espaces bien délimités par des alignements de pierres identifiés comme des solins de cloisons. En outre, une petite structure pouvant être identifiée comme un petit foyer de forge a été mise en évidence. Elle fonctionne au sein d’autres aménagements pouvant évoquer la présence d’enclumes. Si l’on complète ces données par les nombreuses scories retrouvées sur le site et le panel d’activités qu’elles peuvent représenter, nous avons visiblement affaire, pour ces niveaux, à un ou plusieurs ateliers encore très bien conservés. Dans un deuxième temps, l’ensemble de la parcelle subit des transformations radicales qui s’accompagnent aussi par un changement d’activité très net. L’artisanat cède la place au sud à un ensemble public et au nord à un bâtiment construit difficile à interpréter. Ce dernier est matérialisé par trois murs orientés est/ouest. Les espaces présentent des sols en béton et sont malheureusement trop abîmés pour pouvoir en dire plus à l’issu du diagnostic. Quant à l’ensemble public, il est beaucoup mieux conservé. Il s’organise en bordure d’un espace ouvert (cour ou place), d’abord empierré, puis dallé avec des blocs monumentaux. A l’est, l’intervention a permis de reconnaitre un portique à colonnes circulaires dont le sol est un béton lissé. En bordure, le dallage de la cour a reçu l’aménagement d’un caniveau qui long le portique. L’entrecolonnement voisine avec un module de 10 pieds sauf au nord de la tranchée 4 ou il révèle un écart de 15 pieds. En arrière de cette galerie s’organise au moins une pièce rectangulaire munie d’un sol en béton elle aussi. Elle est circonscrite par des murs en partie épierrés dont la largeur est voisine de 2 pieds. Elle couvre une surface d’environ 15 m². La fonction de cet ensemble monumental, en l’état des recherches, reste indéterminée (macellum, forum, schola, palestre thermale ?). Dernière remarque, et non des moindre, les vestiges mis en évidence présentent, et ce dès la première phase, une différence d’orientation très nette entre la partie méridionale et les installations septentrionales. Au nord, toutes les structures sont orientées à NL-20°E ce qui correspond à peu de choses près à l’orientation de la voie romaine qui arrive d’Auxerre et qui entre dans le vicus par le nord-ouest. En revanche, au sud, l’orientation des structures, et notamment de l’ensemble public, s’organisent dans un réseau à NL-5° E, ce qui pose un problème de liaison avec la projection de la voie romaine à cet endroit. En effet, quelle que soit la solution retenue, la voie « entre » forcément dans l’espace public (sauf à imaginer qu’elle s’arrête en bordure ou qu’elle forme un retour perpendiculaire vers l’ouest). Quoi qu’il en soit, il y a ici un nœud urbanistique qui explique probablement pourquoi l’on perd encore aujourd’hui le tracé de la voie à cet endroit.