L’intervention a permis de reconnaître une importante occupation d’époque romaine, très bien stratifiée, sur 2 m d’épaisseur environ, avec des vestiges dont la conservation est remarquable. L’occupation s’organise au carrefour de deux axes viaires non perpendiculaires : la voie reliant Entrains à Auxerre, nord-sud, et une rue secondaire, est-ouest, mise en évidence au cours de ce diagnostic. Si la patte d’oie n’évolue pas, l’occupation peut en revanche se diviser en deux grandes phases chronologiques. Les premières implantations s’installent directement sur une couche de régularisation du substrat géologique et elles sont solidement marquées par l’artisanat et la métallurgie du fer. On note en effet des niveaux de sédimentation fortement chargés en charbons, scories et battitures. Ils sont tout de même associés à des sols plus "propres", ou même à des caves, évoquant la présence conjointe de zones domestiques. L’architecture est quant à elle assez légère, associant terre et bois. Cette vision des états anciens reste toutefois très limitée. Dans un deuxième temps, l’ensemble de la parcelle subi des transformations radicales qui s’accompagnent aussi par un changement d’activité très net. L’artisanat cède la place à des unités à vocation uniquement domestique ou de service. L’architecture change aussi et prend un caractère plus massif, passant de la terre et du bois à l’utilisation exclusive de la pierre et du mortier. Les espaces présentent des sols en béton relativement bien conservés. Plusieurs bâtiments ont pu être identifiés. Les espaces situés au sud de la voie évoquent des habitations plus ou moins bien décorées (enduits peints, sols en béton, planchers) et des cours ou des jardins associés. Les cours peuvent être en outre équipées de zones dallées probablement liées à des petites structures construites en leur sein. La tranchée 2 a permis d’observer un bâtiment particulier. Ce dernier est construit en terrasse, tous ses sols sont en béton et il possède en outre au nord une petite cours dallée à rigole périphérique évoquant la présence d’un portique. Il est associé à un petit collecteur d’eau et des éléments de tubuli et de suspensura retrouvés dans la démolition pourraient évoquer la présence à cet endroit d’un ensemble thermal, privatif ou public. Il est bordé à l’ouest par une cave, qui pourrait appartenir à la parcelle voisine. Ce bâtiment présente de nombreux agrandissements avant son abandon. La partie nord-ouest du site est occupée par un espace public en grande partie fouillé lors d'une opération précédente. Il s’agit d’un sanctuaire qui s’organise en bordure d’un espace ouvert dallée avec des blocs monumentaux. Il est flanqué au sud par un portique à colonnes circulaires dont le sol est un béton lissé et dont le mur de fond est enduit (peinture rouge).